Maladie

Arthrose et douleurs neuropathiques : lien et explications

Chez certains patients atteints d’arthrose, des symptômes de brûlure, de picotement ou de décharge électrique persistent malgré l’absence de poussée inflammatoire. Ce constat a modifié la compréhension classique de la douleur associée à cette pathologie, longtemps considérée comme strictement mécanique ou inflammatoire.

Des études récentes révèlent que des mécanismes neuropathiques peuvent être impliqués, complexifiant la prise en charge et rendant parfois les traitements standards inefficaces. Ce phénomène conduit à repenser les stratégies d’évaluation et d’intervention thérapeutique.

Douleurs arthrosiques : comprendre les mécanismes et les différents types

La douleur liée à l’arthrose va bien au-delà de la simple usure du cartilage articulaire. Plusieurs mécanismes s’entremêlent au fil de l’évolution de la maladie. L’altération du cartilage, la sollicitation de la membrane synoviale ou encore la micro-inflammation des tissus adjacents dessinent un tableau clinique complexe.

Les patients vivent cette douleur sur des modes variés, parfois de façon chronique. Voici les principaux types de douleurs rencontrés :

  • Douleurs mécaniques : elles apparaissent à l’effort, notamment lors de la marche ou d’activités répétées, et s’atténuent généralement une fois le repos revenu ;
  • Douleurs inflammatoires : typiquement matinales, souvent accompagnées de raideur et de gonflement, elles signalent une irritation de la membrane synoviale ;
  • Douleurs neuropathiques : plus rares mais bien réelles, ces sensations de brûlure ou de décharges électriques traduisent une atteinte des fibres nerveuses, qu’elles soient périphériques ou centrales.

L’arthrose ne se limite donc pas à la détérioration du cartilage. Les facteurs mécaniques, l’inflammation synoviale et un déséquilibre des voies de la douleur dessinent une maladie aux multiples visages. L’intensité des douleurs chroniques varie selon la localisation (genou, hanche, main), le passé traumatique ou l’influence de la génétique et du poids corporel. Certaines études récentes insistent sur l’implication de médiateurs comme le transforming growth factor dans la progression de l’ostéoarthrose, ce qui ouvre de nouveaux horizons thérapeutiques.

Douleur neuropathique dans l’arthrose : comment la reconnaître et pourquoi survient-elle ?

Avec ses brûlures, ses fourmillements et ses décharges électriques, la douleur neuropathique se distingue nettement des douleurs habituelles de l’arthrose. Elle s’invite parfois sans prévenir, indépendamment des mouvements articulaires. Certains patients rapportent une sensibilité exacerbée au toucher ou au froid, d’autres évoquent des picotements qui persistent, même au repos.

Pour détecter ce type de douleur, les rhumatologues utilisent des questionnaires validés. Pourtant, elle reste souvent ignorée ou sous-évaluée lors des consultations. La coexistence de douleurs mécaniques et neuropathiques complique le quotidien des patients et alourdit la prise en charge. Mais pourquoi une telle douleur apparaît-elle chez certains, alors qu’elle épargne d’autres ?

La réponse se trouve dans l’implication du système nerveux périphérique ou central. L’inflammation chronique entraîne la libération de substances comme le nerve growth factor (Ngf) qui sensibilisent les fibres nerveuses. Les signaux transmis par la moelle épinière deviennent alors déformés, parfois amplifiés, s’inscrivant dans la durée bien après la poussée initiale. Cette dérégulation explique la persistance des douleurs, indépendamment de l’état du cartilage.

Les dernières méta-analyses montrent que cette composante neuropathique concerne un nombre significatif de personnes atteintes d’arthrose, notamment au niveau du genou ou de la hanche. L’association de douleurs d’origines diverses oblige à une vigilance particulière au moment de l’évaluation clinique.

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Quelles solutions pour évaluer et mieux gérer la douleur liée à l’arthrose ?

Évaluer la douleur arthrosique sous toutes ses formes, inflammatoire, mécanique ou neuropathique, s’avère souvent complexe pour les spécialistes. Pour compléter l’examen clinique, des outils spécifiques comme la grille DN4 sont utilisés afin d’identifier précisément la composante neuropathique. L’objectif : cerner le type de douleur, sa force, son influence sur la vie quotidienne, les activités ou encore le sommeil.

Approches thérapeutiques : associations raisonnées

Les recommandations de la société française de rhumatologie favorisent une approche associant plusieurs traitements. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens jouent sur la douleur inflammatoire, mais leur utilisation doit rester prudente, surtout chez les personnes âgées ou exposées à un risque vasculaire. Pour la composante neuropathique, les antalgiques de premier palier, certains antidépresseurs tricycliques et les antiépileptiques sont parfois nécessaires.

D’autres solutions non médicamenteuses s’ajoutent à l’arsenal disponible :

  • Kinésithérapie adaptée
  • Rééducation fonctionnelle
  • Perte de poids en cas d’arthrose touchant le genou ou la hanche
  • Infiltrations locales

La recherche avance aussi sur de nouvelles pistes, comme les traitements par cellules souches. Leur capacité à régénérer le cartilage suscite l’espoir, même si leur impact réel sur la douleur reste à confirmer. Enfin, la prise en charge intègre désormais l’accompagnement psychologique et la gestion des troubles du sommeil, des leviers parfois décisifs pour améliorer l’adhésion au traitement et la qualité de vie.

Dans ce paysage aux multiples nuances, chaque douleur raconte une histoire singulière. C’est en affinant l’écoute et l’analyse que l’on pourra, demain, soulager plus justement les patients et leur rendre une part de leur liberté de mouvement.