Bienfaits du placenta et leur impact sur la santé
Environ 4000 espèces de mammifères sur la planète, et chez une majorité d’entre elles, le placenta ne finit pas dans une poubelle. Il est mangé, systématiquement. Pourtant, chez l’humain, ce geste reste l’exception, pas la règle. Il a traversé les siècles, parfois vénéré, parfois ignoré, et il revient aujourd’hui dans certains discours, entre conviction intime, curiosité scientifique et débats de société.
Les promesses attribuées au placenta s’entrechoquent avec l’avis des médecins. Entre croyances, récits personnels et publications médicales, le sujet divise et intrigue encore le monde de la santé.
Plan de l'article
Le placenta : un organe fascinant aux multiples fonctions pendant la grossesse
Si le placenta captive tant la communauté scientifique, c’est qu’il s’impose, pendant la grossesse, comme le garant des liens entre la mère et le futur bébé. Dès les premières semaines, il orchestre sans relâche l’apport en oxygène et en nutriments, fer, minéraux, vitamines, indispensables au développement du fœtus, tout en assurant un transit impeccable pour l’évacuation des déchets.
Mais son rôle ne s’arrête pas à cette logistique fine. Le placenta humain agit aussi comme barrière, limitant le passage de virus ou de substances toxiques, même si aucune frontière n’est infaillible, d’où, on le sait, la vigilance accrue recommandée pendant la grossesse.
Son autre mission, moins visible mais tout aussi fondamentale : la fabrication d’hormones. Progestérone, œstrogènes, hCG… Chacune intervient dans la maintenance de la grossesse, le développement du fœtus ou les transformations du corps maternel.
On comprend alors pourquoi la recherche s’intéresse tant aux cellules souches du placenta ou du cordon ombilical. Ces cellules nourrissent l’espoir de nouveaux traitements, en médecine régénérative ou contre des maladies encore difficiles à soigner aujourd’hui. Autre illustration, très concrète cette fois : le clampage tardif du cordon. Selon plusieurs études, un délai avant de couper le cordon profitera à la réserve de fer du nouveau-né, ce qui ne passe pas inaperçu pour la suite de son développement.
Placenta après l’accouchement : quelles pratiques et croyances à travers le monde ?
Après la naissance, l’histoire du placenta ne s’arrête pas net. Les traditions, les cultures et les lois offrent une mosaïque d’usages. En France, pas d’équivoque : le placenta est géré comme un déchet issu des soins, à risque infectieux. Les établissements appliquent une élimination stricte, avec quelques exceptions, par exemple si une famille souhaite le récupérer pour des raisons spécifiques, spirituelles ou culturelles.
Partout ailleurs, le rapport à ce tissu unique diffère. Voici un aperçu de quelques-unes de ces pratiques internationales et culturelles :
- Aux États-Unis, la placentophagie (manger son placenta), prend petit à petit plus d’ampleur. Certaines mères le consomment cru, cuit, séché, parfois transformé en poudres ou en gélules, souvent dans l’espoir de renforcer leur énergie ou de maintenir un lien avec leur enfant.
- Dans la médecine chinoise traditionnelle, le placenta est remixé en préparations destinées à revitaliser l’organisme, suivant des protocoles transmis de génération en génération.
- Remettre le placenta à la famille, dans d’autres contextes, est l’occasion d’un rituel : enterrement sous un arbre, conservation comme symbole, ou cérémonie marquant la vie nouvelle de l’enfant.
La collecte à visée médicale ou scientifique, elle, répond à une réglementation rigoureuse avec des protocoles sanitaires et éthiques qui ne laissent aucune place à l’improvisation.
Consommer son placenta : que disent la science et les autorités de santé sur les bienfaits et les risques ?
La placentophagie compte de ferventes adeptes, notamment en Amérique du Nord et en Australie. Pour elles, consommer son placenta serait un remède naturel contre la dépression post-partum, un atout pour l’allaitement, voire un vrai coup de pouce pour la récupération maternelle. Fer, vitamines, minéraux : le placenta est présenté, sur certains forums ou réseaux, comme un concentré de ressources après la naissance.
Pourtant, la science ne suit pas. Les grandes revues médicales et les études indépendantes se sont penchées sur la question : aucune preuve solide de bénéfice n’apparaît au fil des résultats. Ni l’humeur, ni la vitalité, ni la montée de lait ne semblent réellement favorisées par la consommation de placenta. Les témoignages, aussi convaincants soient-ils, ne se substituent pas à des faits établis.
L’avis des autorités sanitaires est tout aussi clair ; elles mettent en garde contre des risques infectieux réels, que le placenta soit mangé cru, cuit ou sous forme de gélules artisanales. Un cas emblématique a même rapporté la transmission d’une infection grave au nouveau-né à cause de capsules de placenta contaminées. La cuisson maison ne protège pas toujours des bactéries pathogènes, et le fer apporté dans ces conditions est difficilement disponible pour l’organisme.
Les instances médicales officielles revendiquent une position sans ambiguïté contre cette pratique, et en France, la réglementation demeure stricte.
Dans le sillage des controverses et des expériences personnelles, le placenta conserve son statut à part : organe en marge, il cristallise la curiosité, la défiance et parfois la fascination. Entre science, croyances et héritages culturels, il résiste décidément à toute étiquette simpliste. Peut-être faut-il simplement accepter qu’il reste, encore, un territoire à explorer.
